Témoins d’incendies de forêt dévastateurs et de vagues de chaleur de plus en plus fortes dans leur pays, 6 jeunes portugais de 11 à 24 ans ont porté plainte en 2020 devant la Cour européenne de droits de l’homme (CEDH). Ils dénoncent la violation de plusieurs de leurs droits, dont le droit à la vie, causé par le réchauffement climatique. Dans cette affaire, c’est la responsabilité collective de l’Europe face au changement climatique que soulèvent les requérants, ainsi qu’une demande de justice climatique. En effet, la Cour européenne de droits de l’homme exige des vingt-sept Etats membres ainsi que de la Suisse, la Russie, la Turquie, la Norvège et le Royaume-Uni, d’analyser et d’agir conformément à leurs engagements découlant de l’Accord de Paris du 12 décembre 2015. Dans la pratique, seules les juridictions nationales disposent des outils nécessaires pour contraindre les gouvernements à prendre les mesures pour limiter le changement climatique à l’objectif de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris . Cette affaire établit pour la première fois au niveau d’une juridiction internationale le lien direct entre les droits de l’Homme et le climat. De plus, la CEDH accorde une importance particulière à l’affaire en acceptant la priorité de cette plainte au vu de l’urgence soulevée.
Selon Corina Heri : Le plus souvent, la Cour n’indique pas quelles mesures sont nécessaires pour mettre en œuvre ses conclusions en droit interne. Cette tâche est laissée aux États eux-mêmes, qui connaissent mieux le contexte national, bien que sous la supervision du Conseil de l’Europe. Néanmoins, les Aînées pour la protection du climat ont invité la Cour à rendre des ordonnances plus spécifiques. Selon elles, la Suisse devrait être condamnée à adopter un cadre législatif et administratif garantissant des émissions globales nettes négatives d’ici à 2030 et des émissions nationales nettes nulles à l’horizon 2050. Cela est certainement possible: la Cour dispose d’un tel pouvoir, bien que rarement utilisé (en vertu de l’article 46 de la CEDH).
Les six Portugais, âgés de 11 à 24 ans, ont décidé d’agir après les violents incendies de 2017 qui ont brûlé les dizaines de milliers d’hectares et fait plus de 100 morts dans leur pays. Ils affirment qu’ils encourent le risque de contracter des problèmes de santé à cause de ces incendies, qu’ils en ont déjà subi notamment des troubles du sommeil, des allergies, des difficultés respiratoires. L’audience devant la Cour Européenne des droits de l’Homme (CEDH) le 27 septembre 2023.